L’épigénétique :  sortir de la fatalité et exprimer le meilleur de soi !

Longtemps la génétique a défini notre hérédité issue d’une longue lignée d’évolution. Nous pensions devoir « subir » ce que nous avions reçu lors de notre conception et ne rien pouvoir changer, le temps de notre passage sur terre.

Mais la révolution de ces dernières années avec l’épigénétique dément en partie la « fatalité » des gènes.

L’individu n’est plus réduit à son seul patrimoine génétique. Ses conditions de vie ont une influence directe sur l’expression de ses gènes.

C’est ce que nous enseigne l’épigénétique, avec les changements d’activité des gènes et de leur expression, qui peut se transmettre sans mutation de l’ADN (1).

Epi en grec signifie « au-dessus de », littéralement « au-dessus de la génétique » : Des informations supplémentaires définissent si un gène va être exprimé ou réprimé, voire jouer sur l’intensité de son expression (2) : notre comportement, notre environnement, nos modes d’alimentation, notre activité physique, la gestion de nos stress, la qualité de notre repos, l’état de notre environnement social, familial … peuvent moduler l’expression de nos gènes.

Cela ouvre un champ de potentiel d’évolution incroyable !


Vous ne voyez pas encore ce que cela veut dire ? Des exemples simples nous aident à comprendre le phénomène :

Chez les tortues, la température extérieure est le phénomène épigénétique à l’origine de la différenciation de l’œuf en mâle ou en femelle (3).

Chez les abeilles, la différenciation en reine ou en ouvrière, dépend également de facteurs externes : la nourriture exclusive de gelée royale pour celle qui deviendra reine.

Vous comprenez que le génome défini au départ s’exprimera différemment en fonction, soit de la température pour l’une, soit de l’apport nutritionnel pour l’autre.

Chez les humains, des jumeaux monozygotes appelés vrais jumeaux, possédant donc le même patrimoine génétique de départ, n’exprimeront pas la même santé, ne vieilliront pas de la même façon en fonction du mode de vie qu’ils adopteront.

J’aime beaucoup l’image donnée par le biologiste Joel De Rosnay : « La génétique de notre ADN est comme les notes sur une portée musicale, mais la symphonie c’est l’épigénétique et, selon le talent du chef d’orchestre et des musiciens, l’interprétation sera très différente; c’est la différence qualitative entre l’inscription de programme et l’interprétation du programme »(4).


Pourtant cela ne date pas d’hier…

Dès 1942, le généticien britannique CH Waddington introduit la notion d’épigénétique en démontrant les relations entre gènes, environnement et le résultat exprimé chez un individu. Mais ces théories ont été mal accueillies à cette époque.

 Dans les années 1990 on sort de la théorie de l’évolution ou seules les mutations génétiques et la sélection naturelle sont en cause et l’on reconnait l’implication de facteurs extérieurs.

Mais c’est seulement en 2003 lorsque les généticiens achèvent le titanesque décryptage du génome humain, avec environ 30 000 gènes déterminant nos caractères héréditaires, qu’ils sont forcés de constater que les gènes ne représentent qu’une petite partie de notre patrimoine génétique (10-15%).

 L’ADN « restant », longtemps considéré comme inutile, car ne servant pas à la synthèse des protéines de notre organisme, était appelé « junk DNA » ou « ADN poubelle ».

Une poubelle bien utile

Bien utile car c’est notre environnement qui agit sur nos 80-85% d’ADN « poubelle »

Sans rentrer dans des explications complexes du phénomène, on sait aujourd’hui que les facteurs extérieurs de notre environnement, de notre comportement apportent des messages à nos cellules.

Ces signaux rentrent dans le noyau de nos cellules et induisent des modifications chimiques comme des ajouts de groupes méthyles à l’ADN, des modifications des histones (gaine protéique entourant l’ADN pour former la chromatine).

Ces informations permettent alors la lecture de certains gènes jusqu’ici inaccessibles ou la fermeture de certains sites lisibles.  Ainsi les gènes peuvent « s’allumer » ou « s’éteindre » par ces modifications chimiques qui ne changent pas la séquence de l’ADN. Ces modifications étant les marques épigénétiques : des interrupteurs modulant l’activité des gènes.

Toutes ces possibles modulations marquent l’ADN d’une empreinte alors capable de se transmettre au fil des générations.

Quelle symphonie choisissons nous de jouer

Les phénomènes épigénétiques comme la consommation de tabac, d’alcool, d’alimentation transformée, le stress, les polluants chimiques dont des médicaments, l’absence d’activité physique…ont des effets défavorables sur notre organisme car, on le sait aujourd’hui, ils ont une part de responsabilité sur la prévalence des cancers, des maladies cardiovasculaires, du vieillissement précoce, du diabète de type 2…

Le tabagisme entraîne de nombreuses modifications épigénétiques, persistant longtemps après l’arrêt du tabac. C’est en partie pour cette raison qu’il augmente la survenue de cancers, de maladies cardiovasculaires voire de l’ostéoporose(5).

Cette connaissance de l’épigénétique ne peut que nous encourager à évoluer vers de bonnes habitudes car la synergie des principes d’une bonne alimentation, d’un bon management du stress, d’activité physique, de la qualité de notre environnement social, familial, peuvent nous amener à une expression optimale de nos gènes « positifs ».

La fatalité n’existe plus:

Nous entendons souvent :« de toute façon, toute la famille est comme ça, je n’y peux rien » et face à certaines hérédités familiales, (surpoids, hypertension, diabète, déprime …), on a longtemps pensé qu’il y avait une forme de fatalité.

Effectivement si nous nous comportons, pensons comme nos parents, grands-parents, les choses se reproduisent.

Mais à l’inverse si nous modifions nos habitudes alimentaires, si nous bougeons chaque jour, si nous cultivons des pensées positives, transformons nos perceptions négatives et des comportements sains nous influençons positivement l’expression de nos « bons » gènes.

N’oublions pas non plus que si nous pensons hériter de la longévité d’un grand parent ayant vécu une vie de sobriété alimentaire, avec une activité physique quotidienne, sans être actifs et mangeant mal, nous n’aurons pas la chance de vieillir de la même façon.

La synergie gagnante: 

1- une alimentation vivante et variée.

Un des leviers le plus important : ce que nous ingérons chaque jour.

Des aliments vivants, des végétaux au maximum, sans oublier que nous sommes omnivores dans notre évolution : les protéines peuvent être apportées par le règne animal pour peu que la production respecte l’animal et l’environnement. De petites quantités suffisent.

Exclure les produits transformés qui sont toxiques et ne servent que l’industrie. (lire l’article :Halte au sucrage universel)

Une étude montre qu’une alimentation pauvre au cours de la grossesse modifie aussi l’expression des gènes chez l’enfant (6).

2 – l’activité physique:

Les bénéfices d’une activité régulière sont immenses et influencent très positivement l’épigénétique.

Un minimum de 20 à 30 minutes de sport chaque jour  représente déjà un gain vital considérable.

Chez les enfants, il est recommandé de « bouger » au mois 60 minutes/jour. La fédération de cardiologie rappelle qu’en 1970, un collégien mettait en moyenne 3 minutes pour courir 600m.

Aujourd’hui, ce temps atteint presque 4 minutes.

Les capacités cardio-respiratoires de nos enfants ont diminuer de 25% en 40 ans par manque d’activité. Réapprenons leur à bouger!

3 – protéger notre système nerveux :

Notre système nerveux est le centre de notre équilibre et de notre bien-être. De nombreuses pratiques nous aident à le maintenir sain en réduisant le stress quotidien et en développant la capacité à « se faire du bien »:

  • Techniques simples de respiration, (inscrivez vous sur cette page pour recevoir le Guide offert de cohérence cardiaque), accessibles à tous et bénéfices inestimables.
  • Méditation, yoga, sophrologie, taï-chi, qi gong…
  • Sommeil suffisant
  • Balades en forêts, expositions courtes au soleil, baignades en eaux vives…

4 – regard sur notre entourage :

Il est fréquent de dire que nous sommes la moyenne des personnes que nous fréquentons le plus :

Éveillons nos consciences, nos pensées et éloignons nous de certaines relations non favorables, pessimistes qui nous tirent vers le bas.

Rejoignons des personnes positives, enthousiastes avec qui nous partageons nos valeurs.

Je ne sais pas vous, mais moi tout ça me donne envie de mordre la vie à pleines dents, avec tout ce que la nature et la vie nous offre!

Athénatur’ellement !

Maude

Références:

(1)   http://www.lemonde.fr/sciences/article/2012/04/13/l-epigenetique-une-heredite-sans-adn_1684720_1650684.html#TW7dw9LixbWtwuYv.99
(2)   www.inserm.fr/information-en-sante/dossiers-information/epigenetique  (consultation mars 2018)
(3)   Pieau, « Différenciation du sexe en fonction de la température chez les embryons d'Emys orbicularis L. (Chélonien) », Ann. Embryol. Morphog.no 7, 1974, p. 365-394.
(4)  www.universcience.tv/video-joel-de-rosnay-biologiste-6221.html
(5)  Circ Cardiovasc Genet. 2016 Oct;9(5):436-447. Epub 2016 Sep 20. Epigene c Signatures of Cigare e Smoking. Joehanes R et al.
(6)  Dominguez-Salas P et al. Maternal nutri on at concep on modulates DNA methyla on of human metastable epialleles. Nat Commun. 2014 Apr 29;5:3746. doi: 10.1038/ncomms4746
Epigénétique et mémoire cellulaire, Edith Heard-ressources du collège de France