Les saisons au féminin, apprivoiser sa nature profonde

Vivre pacifiquement avec son corps

Il est vain de vivre comme si nous étions productives, disponibles, créatives de façon égale, chaque jour de notre existence.

Le caractère cyclique féminin, tel 4 saisons au cours d’un mois, implique tout autre chose.

Tour à tour entrepreneuses, aimantes, créatives, recluses  …  ou innovantes, exubérantes, visionnaires, réceptives … selon les perceptions.

D’autres encore décriront les différentes phases en dynamisme, désir, distance puis secret…, ou encore en renaissance, rayonnement, intuition et repos…

Ce ne sont pas les métaphores qui manquent pour décrire les caractères changeant du cycle féminin:

De guerrière inaccessible pendant la période pré-ovulatoire, à la déesse mère bienveillante pendant l’ovulation, puis d’enchanteresse, jusqu’à la vieille femme guérisseuse de la fin de cycle, selon Miranda Gray (1).

Et vous, comment vivez-vous ces saisons sur les plans émotionnel, physique et mental ?

Devons nous subir nos hormones ou pacifier notre rapport à cette saisonnalité mensuelle ?

Dès le collège, on apprend techniquement ce que sont les cycles féminins.

Mais avouez que cela ne nous dit pas grand chose du cycle vivant de notre nature féminine.

Et la médecine en générale, fréquemment, ne voit encore qu’une mécanique à contrôler.

Le jeu des hormones entre cerveau, ovaires et utérus : une valse rythmée.

L’hypothalamus secrète la gonadolibérine (GnRH) stimulant l’hypophyse ou glande pituitaire, qui a son tour cycliquement secrète les gonadostimulines (FSH et LH).

Celles-ci influencent la maturation des follicules ovariens et l’ovulation, avec les sécrétions fluctuantes ovariennes d’oestrogènes et de progestérone.

En fonction de leur concentration, ces hormones vont déclencher l’ovulation puis le développement de la muqueuse utérine censée accueillir la nidation de l’ovule fécondé, sinon muée en menstruations (les règles) quand il n’y a pas de fécondation.

Rythme qui semble être calqué (on ne sait de quelle manière) sur le cycle lunaire (29,5 jours)…

L’épiphyse ou glande pinéale (siège de la sécrétion de la mélatonine) dans notre cerveau, appelée 3eme oeil chez certains animaux, capte l’énergie lumineuse et joue un rôle important dans la régulation des rythmes circadiens et saisonniers.

Interviendrait-elle dans la régulation des cycles féminins ?

Il n’empêche que cette danse hormonale fait varier plus ou moins fortement l’état physique et émotionnel à l’origine du caractère réputé changeant des femmes.

Les femmes ne sont pas « des hommes comme les autres », de ce point de vue. 🌞

La force instinctuelle reliée aux variations biologiques et énergétiques féminines sont une extrême richesse 

Ne nous sentons nous pas dépossédées de nos rythmes féminins, de leurs variations profondes et subtiles ?

Ainsi, comme l’écrit Marielsa Salsilli :« la moitié de l’humanité se trouve constamment animée par des rythmes souterrains puissants, tant sur le plan biochimique qu’énergétique et pose la question de la part de ce refoulement du féminin instinctuel dans le chaos actuel »  (2)

Dès la puberté, j’ai senti que ces vagues changeantes avaient quelque chose à dire de notre nature, que l’expression qui se manifeste n’était pas vaine.

D’où un blocage qui peut naitre avec l’approche mécanistique du corps médical et sa réduction à une simple fonction reproductrice qu’il faut à tout prix mettre sous contrôle, pour en éviter les manifestations gênantes.

L’hystérie a d’ailleurs la même racine étymologique que l’utérus. L’hystérie et ses excès émotionnels incontrôlables, imputés aux femmes…

Occulter les raisons profondes de cette variabilité et de leur réelle entité dans la psyché féminine?   C’est alors effectivement là que les émotions peuvent devenir « incontrôlables » .

D’autant plus incontrôlables que l’oppression sur les humeurs changeantes des femmes est grande, qu’elles-mêmes se coupent de leur ressenti.

D’autant plus riches et subtiles si ses variations sont accueillies et respectées.

Nous pouvons, dans une même situation, nous sentir tour à tour puissantes, aimantes, créatives, réfléchies… dans le meilleur des cas.

Mais si nous ne vivons pas ces différentes phases de manière épanouie, sans le respect de ces rythmes, les répercussions sont négatives lors de certaines « saisons » avec frustrations, irritabilité, colère à la clé.

Dès que l’on cesse de fuir cette saisonnalité et que nous pacifions notre rapport à ces changements, certes déconcertants, nous nous sentons enrichies par « l’accueil » de ces différents ressentis.

Enrichies et renforcées dans notre nature profonde, instinctuelle.

Une auteure que je trouve très inspirante, Clarissa Pinkola Estes écrit sur les traditions spirituelles, afin de définir l’archétype féminin.

Elle explique dans « la pratique de la solitude intentionnelle » (3) que « la femme est plus proche de la connaissance de soi que d’habitude durant les menstrues; la membrane entre l’esprit conscient et l’inconscient s’amincit considérablement. Les sentiments, les souvenirs, les sensations qui sont normalement retenus à l’écart de la conscience passent à la connaissance sans résistance ».

C’est un homme qui le dit :

« À l’époque je ne comprenais pas ni ses hauts ni ses bas et inconsciemment j’essayais de la rendre plus égale, moins volatile, de la mettre en somme dans une boîte. Quelle folie ! Avez-vous déjà essayé de domestiquer les forces de la Nature ? Tôt ou tard la Vie reprendra son cours et son rythme en brisant ses chaînes et vous avec. »

Ne rêvons nous pas toutes d’être comprises aussi justement que Jean Philippe RUETTE sait le faire? (4)

En observant le caractère changeant féminin, il admet que cela peut être au début déconcertant pour un homme, mais lui reconnait son caractère lunaire, rythmé, subtil et riche.


Les vagues émotionnelles

Quatre phases peuvent être distinguées dans le cycle féminin, associées de façon métaphorique aux saisons solaires: printemps, été, automne, hiver; ainsi qu’aux phases lunaires: croissante, pleine lune, décroissante et lune de noire.

Ces cycles trouvent également écho dans le mouvement des marées: montante, haute, descendante et basse, ainsi que dans le cycle journalier: matin, midi, soir et nuit.

  • La période pré-ovulatoire où prédominent les oestrogènes: le renouveau, le printemps, la lune croissante, la marée montante… où l’on se sent entreprenante, forte, moment propice au passage à l’action.

La période que l’on préfère de nos jours car « compatible » aux exigences modernes professionnelles et familiales.

  • Puis la période de l’ovulation: l‘été, la pleine lune, la marée haute, le midi:

Phase où fertilité et désir sont à leur comble, le relationnel est développé.

  • Vient ensuite la période prémenstruelle ou l’automne, la lune décroissante, le crépuscule: les hormones chutent : période souvent plus délicate à vivre.

C’est certainement la période que l’on aime le moins car souvent incomprise : l’irritabilité, la colère seront promptes à s’exprimer si la créativité est refoulée ou empêchée.

Il y a alors un besoin de tourner le regard à l’intérieur et il est plus difficile de faire fasse aux exigences extérieures, comme à l’accoutumée.

Si nous ne trouvons pas la possibilité de respecter ce besoin, la nature instinctuelle viendra nous rappeler que nous ne devons sous aucun prétexte faire de compromis avec notre créativité, notre liberté intérieure, l’expression même de ce que nous sommes.

  • Et la fin d’un cycle énergétique arrive avec les menstruations ou règles, associées à l’hiver, la lune noire, la marée basse ou encore la nuit. Le repos est de mise.

Quelque soit les liens avec ces forces universelles, ce qui se joue biologiquement, énergiquement lors de ces cycles est bien de nature rythmée.

Tour à tour nous vivons des périodes dynamiques, de plénitude, d’intériorisation et de nécessité de repos.

Personnellement, j’ai longtemps cru pouvoir rester égale à la phase active, l’entreprenante du début de cycle, celle qui générait le moins de conflits personnels ou professionnels.

Jeune, je ne comprenais pas pourquoi cette phase disparaissait comme elle était venue, comme si une force invisible décidait de moi.

J’ai donc entamé des recherches et de nombreuses lectures que j’ai confrontées à mon propre ressenti et à ce que les femmes me confiaient, m’ont permis d’accueillir ces variations cycliques et aidé à vivre plus justement.

Nous ne pouvons « coller » au modèle constant et prévisible d’une société masculine : le comprendre nous soulage tout d’abord et nous permet de nous relier de nouveau à notre psyché féminine, ouvrant les portes de notre propre intuition, de notre propre créativité.

En terme pratique, il est normal que certains jours nous ayons une énergie à soulever des montagnes et que d’autres, nous aspirions à ralentir.

Normal aussi que parfois nous supportions moins notre entourage, nos enfants… que certaines tâches nous agacent, alors que l’on a envie de peindre, lire, danser, jouer de la musique.

Hormones et nourriture

Vous avez certainement ressenti que ces différents états ont une répercussion sur notre relation à la nourriture…

Nous sommes bien évidemment toutes différentes, mais ce qu’il ressort de toutes les femmes que j’ai pu entendre sur le sujet, ce sont les pulsions sucrées de la 2eme moitié de cycle.

Cependant, les mois se suivent mais ne se ressemblent pas tous !

Cela tient aux différents états qui, s’ils ne sont pas vécus en conscience, génèrent de la frustration, des attentes débordantes, de la colère … La compensation par la nourriture est alors un réflexe.

La période des règles appelle souvent à un ralentissement; Le repli sur soi est une phase nécessaire pour se ressourcer.

Lorsque ce temps de repos n’est pas respecté, il se répercute pendant la phase ovulatoire, phase d’ouverture aux autres avec des attentes de reconnaissance plus grande, d’exigences et du coup … de frustrations.

De plus, durant le début de cette période, l’énergie étant basse, on peut ressentir des besoins sucrés pour lutter contre cette baisse de « rendement ».

La phase prémenstruelle avec l’émotivité à fleur de peau, normalement propice à la créativité, peut nous submerger.

On tente alors de contrôler nos émotions en les « avalant » … avec  la nourriture.

Je me permets une métaphore avec les cycles terrestres ( les saisons) qui, s’ils ne sont pas respectés, épuisent la terre … ceci pour évoquer l’aspect cyclique de l’univers, la respiration rythmée de toute chose autour de nous et en nous.

Accueillir les changements, les vivre pleinement avec ce qu’ils nous inspirent plutôt que lutter contre, semble évidemment être la meilleure solution.

L’article sur l’éveil aux émotions aident à se « réconcilier » avec celles-ci.

En prenant l’habitude de porter notre attention sur notre ressenti corporel (les sensations qui accompagnent toujours les émotions), sans jugement, juste de l’observation comme dans une méditation, permet aux flux énergétiques véhiculés par l’émotion, de se mettre en mouvement, de circuler.

Ainsi, la conscience, en créant un espace où l’émotion est libre d’être ce qu’elle génère, agit comme un facteur d’harmonisation et permet de se libérer.

L’exploration rendue possible de notre monde émotionnel, nous permet une vraie connexion à notre cycle vital et à notre épanouissement profond.

Quid de la ménopause?

De nos jours, elle semble souvent mal vécue, synonyme de fin de fertilité, de féminité… Dommage que ces croyances résonnent dans la pensée commune…

Certes les taux d’hormones chutent, mais ne disparaissent pas complètement non plus.

Dans certains pays, cette période de ménopause est plutôt reconnue pour réunir toutes les variantes féminines et permettre aux femmes de se révéler avec tout le savoir acquis.

Une période plutôt épanouissante que stérile !

De nombreuses amies autour de moi ont passé ce « cap » de très belle façon et sont rayonnantes.

Toute forme de pensée qui amène à l’idée de s’affranchir de notre réalité physique par quelque moyen que ce soit, semble aujourd’hui supplantée par la prise de conscience que la liberté réelle est reliée à notre équilibre naturel.

Toute forme d’équilibre et de bien être passe par la valeur que l’on met à l’écoute des sensations corporelles.

Vivre pacifiquement avec son corps rejoint les principes d’écologie.

Athénatur’ellement

☀Maude 🌜

PS: Je tiens à préciser que cet article vise à prendre conscience que nos variations hormonales ne sont pas forcement un fardeau, mais il ne substitue en aucun cas à un diagnostic médical quel qu’il soit.

Références:
(1) La femme optimale de Miranda Gray: découvrir les énergies créatrices du cycle féminin et s'épanouir.
(2) Marielsa Salsilli;enquête sur les alternatives qui permettront de construire un nouveau paradigme social et environnemental. Nexus n°116
(3) Femmes qui courent avec les loups. Clarissa Pinkola Estes.
(4) http://www.audeladesecrans.com/ Jean Philippe Ruette.